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La nécessité de renforcer l’offre du capital-investissement

Par Dominique Gaillard, Président de France Invest


France Invest est le nouveau nom de l’Afic, l’association professionnelle du capital-investissement, créée en 1984. Organisme professionnel indépendant, elle regroupe près de 500 membres dont 300 fonds d’investissement (investisseurs en capital et en dette) et représente un poids économique croissant : ses membres accompagnent près de 7 200 start-up, PME et ETI qui pèsent plus de 210 Mds € de chiffre d’affaires cumulé.


De la création de nouveaux fonds à la constitution d’acteurs diversifiés de grande taille, l’industrie du capital-investissement est à l’aune d’une nouvelle ère. Une double évolution de l’industrie que France Invest souhaite accompagner en partageant l’expérience de ceux qui ont franchi ces paliers de croissance.


Les first-time funds en France, une croissance qui s’accélère. France Invest est la première association du capital-investissement en Europe par le nombre de sociétés de gestion adhérentes. Elles étaient 317 à fin 2018. Et la dynamique se poursuit notamment avec l’arrivée de nouveaux fonds.


22 first-time funds ont levé des capitaux en France en 2018 pour un total de 1,6 milliard d’euros. Un niveau qui a presque triplé en 2 ans soutenu par l’abondance relative des liquidités allouées au capital-investissement qui ont progressé de 27 % en 3 ans en France.


Ces nouveaux fonds se différencient des acteurs déjà installés. Ils créent des fonds plus petits, adoptent des stratégies sectorielles plus pointues, ont des équipes aux profils plus diversifiés qui font pour certains la part belle aux entrepreneurs.


Surmonter les difficultés du démarrage. Mais l’accroissement de liquidités disponibles ne signifie pas pour autant que les levées soient aisées pour les nouveaux entrants. Les first-time funds doivent faire face à une forte concurrence et à des pratiques qui tendent à favoriser les acteurs déjà installés. Il n’est pas évident pour les nouveaux fonds d’atteindre la taille critique pour capter les investisseurs institutionnels. Par ailleurs, ces investisseurs sont incités à travailler avec un nombre restreint d’équipes et ont tendance à privilégier celles avec lesquelles ils sont déjà investis.


Si les first-time funds sont également des first-time teams, le niveau de risque s’accroît avec une absence d’historique de performance, des équipes qui n’ont parfois jamais investi ensemble, une stratégie qui n’a pas encore été testée.


Alors qu’elles bénéficient de ressources réduites, ces équipes doivent mener de front plusieurs chantiers, auxquels elles ne sont pas forcément rodées : relations investisseurs, marketing, identification et concrétisation d’un deal flow, formalisation d’obligations réglementaires, back office, recrutements, etc.


Pour autant, nombre de first-time funds mènent avec succès leur fundraising, grâce à l’aptitude et à la volonté de certains investisseurs à les soutenir, en dépit des incertitudes.


Préparer sa 1re levée de fonds. La vocation de France Invest est de promouvoir le capital-investissement dans toutes ses composantes. Avec l’arrivée en nombre des first-time funds, il est de notre responsabilité de leur apporter des ressources dédiées. À ce titre, France Invest vient de publier un guide (1) pour les nouvelles sociétés de gestion qui s’engagent sur le long chemin de la levée de fonds. En bénéficiant du retour d’expérience de celles déjà passées par là et d’investisseurs familiers des first-time funds, ces nouveaux venus peuvent éviter les écueils et mettre toutes les chances de réussite de leur côté.


La nécessaire recherche de la taille critique des sociétés de gestion. Parallèlement, nous assistons à une accélération depuis 18 mois des rapprochements entre équipes visant à transformer des sociétés mono-stratégies en groupes pluriels, multi-stratégies et donc, plus forts, plus solides et plus attractifs. Un mouvement d’autant plus nécessaire qu’alors que les investisseurs institutionnels manifestent un intérêt grandissant pour le non coté les allocations de capital se concentrent sur un petit nombre de très grands fonds. Le premier trimestre 2019 marque ainsi un plus bas mondial en cinq ans du nombre de fonds parvenus à lever des capitaux, comme le note Prequin. En un an, 121 fonds n’ont pas réussi à lever des capitaux et, début avril, plus de 3 900 fonds cherchaient encore à lever 1 000 milliards de dollars. Un phénomène qui s’explique par la concentration des levées. Les 4 % des gérants cherchant au moins 1 milliard de dollars pèsent 70 % des capitaux recherchés. Les cinq plus gros fonds dans le monde, représentent un quart des allocations alimentées par les assureurs, les caisses de retraite, les fonds souverains et les fonds de fonds. La course à la taille des sociétés de gestion est lancée !


Les conséquences du changement de taille. Dans ce contexte, s’il n’est pas encore certain que le modèle multi-stratégies soit définitivement en train de s’imposer en capital-investissement, France Invest a souhaité en analyser la dynamique actuelle, en France et aussi dans le monde. Pourquoi beaucoup de sociétés de capital-investissement ont-elles décidé d’accélérer leur développement et leur diversification alors qu’elles pourraient se concentrer sur leur stratégie historique et accompagner la croissance des actifs sous gestion alloués par leurs LPs sur leur seul vertical ?


D’autant qu’un tel mouvement n’est pas neutre sur leur organisation, leurs relations commerciales, leurs règles de fonctionnement, leur management voire leur devenir. Décider de multiplier les stratégies d’investissement au sein d’une même entreprise est facteur de risques et peut mener à un manque d’attention sur la performance des stratégies historiques. Il faut donc gérer avec patience et appréciation du risque un tel développement.


Pour accompagner les gérants dans leurs réflexions, mettre en avant les bénéfices d’une telle stratégie de diversification mais aussi présenter les enjeux et les points de vigilance pour réussir ce challenge, France Invest vient de publier un guide (2) dans lequel des sociétés de gestion qui ont fait ce choix expliquent pourquoi elles ont franchi ce cap, quels en sont les prérequis, quels sont les obstacles à surmonter, quelles sont les organisations à mettre en place et quels sont, in fine, les avantages ?


La maturité du secteur. Au travers de ces deux guides nous avons pu noter le véritable cheminement entrepreneurial des gérants nouvellement introduits sur le marché et de ceux plus installés qui ont pris en main leur destin et leur croissance. C’est une très bonne nouvelle et le signe d’une industrie mature en train de franchir un nouveau palier. Un double mouvement dans lequel le capital-investissement français a des cartes
à jouer.



Les guides de France Invest :

(1) « Préparer sa première levée de fonds. First-time funds, retours d’expérience et recommandations »


(2) « Sociétés de gestion multi-stratégies. Intérêts et enjeux de la multi-stratégies en capital-investissement » sont disponibles sur le site de France Invest, rubrique : Documentation et publications / Ouvrages généralistes.

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