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Semin, une réussite portée par le tandem père-fille

Créée en 1838, l’entreprise familiale Semin est aujourd’hui dirigée par deux représentants des cinquième et sixième générations. Spécialisée dans la fabrication de matériaux de construction pour le bâtiment, l’ETI mosellane a récemment renforcé sa gouvernance en vue d’accélérer son développement, tant en France qu’à l’international où elle réalise 40 % de ses ventes.

Il n’y a pas qu’en matière de gammes de produits que Semin enchaîne les générations. Fondée en 1838 par Jean-Baptiste Laurent Semin, instituteur, cette entreprise mosellane, spécialisée dans la fabrication de matériaux de construction pour le bâtiment (plâtres, enduits, isolation…), est actuellement dirigée par Philippe Semin, président-directeur général et représentant de la cinquième génération, et sa fille Caroline. Un tandem qui officie avec succès depuis 2017, quand cette dernière est nommée directrice générale.

Vingt-cinq ans seulement

Semin sort alors de quatre décennies de croissance particulièrement dynamique. « Lorsque mon père reprend l’activité familiale de colles et d’enduits, en 1982, celle-ci comprend une dizaine de salariés et dispose de bons produits, mais de très peu de clients, rappelle Caroline Semin. Accompagné d’un ami, Thierry Lefeuvre, il va dès lors mettre l’accent sur le développement commercial, d’abord en France, puis à l’international dès la fin de la décennie 1980 ». Avec des résultats pour le moins probants. Forte de la diversification de ses métiers, du lancement de plusieurs sites de production – elle en possède 8 en France et 4 à l’étranger – et d’une série d’acquisitions, l’ETI est en effet parvenue à se hisser au rang de leader, dégageant un chiffre d’affaires de 240 M€, dont 40 % hors de France, et employant quelque 900 collaborateurs !

Même s’il n’a pas encore prévu de passer totalement la main, le dirigeant, qui avoisine en 2017 la soixantaine, juge le moment propice pour amorcer le processus de transmission. Après deux ans passés au sein de l’équipe commerciale du groupe en Ile-de-France, Caroline Semin rejoint donc le siège situé à Kédange-sur-Canner afin d’y assurer ses nouvelles prérogatives. Diplômée d’une école de commerce, elle n’a que 25 ans, mais compte déjà à son actif quelques expériences professionnelles dans le secteur du bâtiment. « À mon arrivée, les salariés ont été rassurés de savoir que l’histoire familiale allait se poursuivre », indique la responsable, devenue par ailleurs actionnaire majoritaire. Très opérationnel, le binôme, qui s’est réparti les tâches, cohabite depuis maintenant huit ans en parfaite symbiose.

Ouverture du capital

Sur la période, l’ETI a logiquement connu des évolutions importantes sur le front de la gouvernance sous l’impulsion de Caroline Semin. « À l’occasion de ma prise de fonction, Bpifrance m’a proposée de rejoindre l’« Accélérateur ETI », un programme d’accompagnement à destination des dirigeants d’entreprises de taille intermédiaire, se remémore-t-elle. Entre les échanges avec des pairs et les conseils prodigués tout au long de ce parcours de plusieurs mois sur différents sujets, cette expérience s’est révélée extrêmement positive et enrichissante. » Parmi les premiers changements opérés, le groupe s’est par exemple attelé à renforcer son comité de direction, avec deux recrutements stratégiques : une directrice des ressources humaines et transformation et un directeur commercial France. Mais l’un des tournants majeurs dans l’histoire de la société est intervenu en 2023, avec la décision des trois actionnaires familiaux – la deuxième fille de Philippe Semin détient également des parts – d’ouvrir le capital à des fins d’accélérer son développement. C’est ainsi que Semin a accueilli en tant que minoritaires le fonds GEI, très implanté dans l’Est de la France, Bpifrance et BNP Paribas Développement. L’ETI a levé au passage 25 M€, de quoi lui permettre de financer le rachat de la société rhodanienne Buitex. Une opération de croissance externe clé, grâce à laquelle elle s’est positionnée sur le marché porteur de l’isolation biosourcée. Elle a également profité de cette augmentation de capital pour faire entrer les membres de son comité de direction – soit près de dix collaborateurs – au tour de table.

Un comité d’orientation stratégique mis en place

S’appuyant depuis sur un comité d’orientation stratégique, les deux dirigeants peaufinent en ce moment le nouveau « Projet d’entreprise », qui portera sur la période 2026‑2028. Amélioration de l’expérience client afin de « tendre vers un service
5 étoiles », gains de parts de marché additionnelles en France et à l’export, notamment sur le segment de l’isolation, acquisitions ciblées, accentuation des efforts de R&D autour de solutions bio-sourcées
ou éco-conçues, etc. Les priorités seront multiples. « Notre objectif
est d’atteindre le seuil de
1 md€ de chiffre d’affaires à horizon 2032 
», prévient Caroline Semin. Parallèlement, la gouvernance de l’entreprise devrait poursuivre ma mue. « L’adoption de la qualité de société à mission fait notamment partie des options examinées », illustre la directrice générale, qui devrait continuer d’officier aux côtés de son père durant quelques années encore. « Aucun calendrier précis n’est arrêté à ce stade », précise-t-elle. Chez Semin, qui approche les deux siècles d’existence, rien ne se fait dans la précipitation.

 

Arnaud Lefebvre

LES Chiffres clés

1838
année de création

240 M€
de chiffre d’affaires annuel,

 

Dont 40 %
à l’international

900
collaborateurs

 

Présence dans 74 pays

Un engagement social revendiqué

L’exercice 2024 de Semin a notamment été marqué par la publication de son premier rapport extra-financier. Parmi les quatre grands axes qui sous-tendent la démarche RSE du groupe, la dimension sociale occupe une place centrale aux côtés des enjeux environnementaux, comme en témoignent ses engagements consistant à « garantir le bien-être des collaborateurs, leur santé, sécurité et intégrité » et à « respecter et valoriser l’humain en se développant de façon inclusive ». Participant à plusieurs Objectifs de développement durable (ODD) érigés par l’ONU, l’entreprise s’engage également auprès de diverses associations. Après avoir par exemple soutenu NQT (Nos Quartiers ont du Talent), qui vise à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes chercheurs d’emploi, elle a récemment rejoint le réseau « BatiFemmes », qui promeut la féminisation des métiers du second œuvre auprès des jeunes filles à la recherche d’une orientation et des femmes en voie de reconversion. Dans le souci de valoriser et de récompenser le travail des femmes travaillant dans le secteur du bâtiment, l’entreprise familiale a aussi créé le trophée des « Talentueuses », dont la deuxième édition s’est déroulée en 2025.

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