Ne pas se poser de questions
J’ai eu une éducation très particulière : je n’ai jamais été scolarisé. Je n’ai même pas passé une journée en maternelle. Je suis un autodidacte. Ça m’a appris à être très débrouillard et à ne pas suivre les conventions. J’ai toujours dû trouver moi-même les solutions à mes problèmes. Et j’ai surtout l’habitude de faire mes propres choix, dans lesquels mes parents m’ont toujours soutenu. Quand j’ai voulu devenir champion de roller, j’ai suivi mon rêve. Je ne me demande jamais “Est-ce que ça va être possible ? J’ai pas d’équipe, comment faire ?”. Moi, je vois mon rêve au loin qui me laisse penser que ça va être incroyable et je me consacre au fait de résoudre un maximum de problèmes au jour le jour.
Je vois cette route d’entrepreneur comme un long parcours dans le noir avec mon rêve au bout comme lueur. C’est la constance du nombre de pas que tu fais chaque jour qui compte. On ne connaît jamais la distance à parcourir. On ne sait pas combien de temps ça va prendre. Ce n’est pas la peine de se dire “dans un an, je veux être là”. Si on m’avait dit qu’il m’aurait fallu des années pour devenir champion du monde de roller, je ne me serai sans doute pas lancer. Si on m’avait dit qu’il me faudrait cinq ans pour lancer Onoff, je n’y serai peut-être pas allé.
Rêver et travailler
Toute ma vie, j’ai été mon seul patron. Si j’étais bon, je réussissai ; sinon je perdais. Tout dépendait du temps de travail que je donnais. Quand j’ai voulu devenir champion de roller, il a donc fallu que je m’en remette uniquement à moi-même et que je m’entraîne sans relâche pour concrétiser mon rêve. Il a fallu que je me trouve mes sponsors, que je monte mes évènements et que j’apprenne à pitcher pour les convaincre. Ça n’a pas été facile : pour ma première compétition mondiale, je me suis retrouvé à dormir sur un banc parce que je ne pouvais pas me payer l’hôtel. Mais je suis devenu le sportif le plus titré des sports extrêmes.
Aujourd’hui mon objectif est de créer une boite d’envergure mondiale, qui change le quotidien de tous. Avec Onoff, l’ambition est de révolutionner les télécom en dématérialisant les numéros de téléphones. J’ai bossé des heures pour devenir un expert en télécommunication, pour comprendre le marché et trouver les bons experts qui pourraient me renseigner sur les possibilités technologiques. Quand j’ai su que mon idée de numéro dématérialisé était possible, je n’ai plus dormi : j’ai monté un business plan, écrit mon pitch, passé des heures à créer sur photoshop la maquette de l’application que j’avais en tête. Depuis, j’ai déposé plusieurs brevets dans le domaine. Onoff est devenu un nouvel opérateur téléphonique avec des licences dans 21 pays. C’est le seul opérateur mobile au monde à être décentralisé dans le Cloud tout en respectant la régulation télécom. Avec l’invention des cloud numbers, j’ai levé 20 millions d’euros en 2018.
Gagner sans tricher
J’ai envie de gagner proprement. Dans le sport, je n’avais pas envie de gagner par des stratégies. Je voulais mériter ce que je gagnais : inventer moi-même mes figures, et les porter. C’est pareil pour Onoff. Je préfère partir d’en bas et imaginer une nouvelle solution avant qu’elle n’apparaisse sur le marché. C’est pour cela que j’ai cherché à imaginer quelque chose de nouveau. Le mérite et le fair-play sont des valeurs qui me tiennent à coeur.
Savoir pivoter
Le parcours d’un sportif est fait de quelques victoires et de beaucoup de chutes. C’est très proche de ce que vit un entrepreneur qui doit toujours trouver l’énergie de se remettre en selle. J’ai fait plusieurs pivots dans ma carrière quand mes sponsors me lâchaient ou quand une blessure m’éloignait des rampes. J’ai été magicien professionnel, restaurateur, présentateur TV… et j’ai imaginé des records du monde (sauter de la tour Eiffel, du Sacré Coeur…).
Tout au long de mon parcours de sportif, j’ai monté des entreprises (une boutique de skate, skate parcs, des produits dérivés à l’effigie de Tony Parker, Matt Pokora...), j’ai inventé de nouveaux produits (un airbag géant pour rampe de skate, une boisson énergétique) et cherché des sponsors. Parce que les différentes chutes et blessures me laissaient penser que je ne pourrais pas vivre du roller toute ma vie. J’ai toujours utilisé mes moments de convalescence pour imaginer des business. J’ai appris l’Anglais, l’Espagnol, le Grec et l’Italien durant les vols vers les compétitions internationales.
Résister à la pression
Moi j’ai un niveau élevé de rapport à la pression. Parfois j’ai joué ma vie. Quand tu sautes de la tour Eiffel, il ne faut pas se planter. J’ai développé des techniques pour me focaliser sur la réussite. J’ai appris à résister à la pression. Et ça m’a été bien utile pendant cette période où je devais lever 250 000 € pour la fin du mois sinon je mettais 40 gars à la porte. Cette pression, je ne peux pas la partager en interne, parce que les équipes n’ont justement pas cette même résistance au stress. donc c’était très dur, de devoir à la fois manager les équipes et trouver de l’argent à côté.
Franchir les frontières
J’ai l’habitude de mélanger les cultures. Ma mère est grecque, mon père algérien, j’ai grandi en France et j’ai voyagé un peu partout dans le monde. En créant mon entreprise, je ne voulais pas me limiter au marché français et l’Europe est un superbe terrain de jeu pour cela.
J’ai cherché un pays non seulement où les ingénieurs étaient très bons, mais également abordables. C’est dans la Silicon Valley de la tech, en Estonie, à Tallinn que j’ai trouvé les compétences que je cherchais. Ce pays de 1,3 millions d’habitants seulement compte déjà 4 licornes, dont Skype. Obtenir un statut de résident est facilité, notamment grâce à des solutions numériques de e-résidence. Et le pays bénéficie aussi des développeurs russes, très bons, qui viennent dans les pays baltes trouver une autre qualité de vie.
Onoff compte 40 ingénieurs, de 5 nationalités différentes sur un plateau de 500 m2 avec pour objectif de bâtir l’opérateur mondial. Nous sommes basés à la fois en France et en Estonie. J’y ai rencontré mon CTO, un estonien d’origine russe, qui est dans l’aventure depuis le début. Les développeurs sont une ressource primordiale et convoitée. Ils ressemblent aux sportifs : ils sont avant tout passionnés par leur métier. L’argent n’est pas la motivation principale. Le projet doit être intéressant, techniquement challengeant et fun. Je pense avoir réussi à les passionner pour le projet Onoff et à leur faire adhérer à l’ambition. Je vois les choses en grand. J’ai une ambition mondiale pour Onoff.